jeudi 20 novembre 2008

La Pompadour à Tours

L'enlèvement d'Europe, 1750, Jean-Baptiste-Marie Pierre, Dallas Museum of Fine Arts.




















J'ai vu samedi l'exposition "La volupté du goût, la peinture sous Mme de Pompadour", au musée des Beaux Arts de Tours.
Avant tout, il est intéressant de savoir qu'une importante partie des tableaux de l'expo viennent des musées de San Francisco, Minneapolis, Los Angeles, Cleveland... Ceci a été permis par l'existence d'une association, FRAME (French Regional American Museum Exchange), créée en 1999, et qui comprend des musées français et américains. Elle a pour but de faciliter les échanges de tableaux pour des expositions temporaires : "La volupté du goût" va partir en février pour Portland. Depuis sa création, FRAME a organisé 10 expositions majeures, et, en plus des 24 musées actuels, elle cherche à augmenter le nombre de ses associés, ce qui permettra l'intensification et l'augmentation de la qualité des échanges.
Il n'est pas besoin de souligner l'intérêt d'une telle association. La mondialisation atteint les arts et la traditionnelle complexité des échanges d'oeuvres est ici simplifiée. Et tout ceci au bénéfice des spectateurs. Se dire que dans quelques mois, des "portlandais" s'émerveilleront devant les mêmes tableaux que nous donne un sentiment d'appartenance au "village mondial"...
Quant à l'exposition elle-même, elle a ses qualités et ses défauts. Son principal défaut réside dans le fait que l'évolution de la peinture à cette époque, si elle est bien visible dans les oeuvres, n'est pas assez expliquée. Les raisons du retour au classicisme, à la rigueur et à la morale après la légèreté et la galanterie, ne sont pas claires dans les explications, et même plutôt absentes de celles-ci. On parle bien de Winckelman, mais sans expliquer son rôle et son impact.

De plus, on parle finalement assez peu de Mme de Pompadour tout au long des salles, à part une claire chronologie dans la première.

Ceci dit, il serait difficile d'avoir la dent dure contre l'expo, car si deux adjectifs peuvent bien la qualifier, ils seraient intelligente et plaisante.
La première et la plus grande qualité de l'ensemble est en effet son intelligence : elle donne à refléchir. Chaque oeuvre est acompagnée d'une citation d'un contemporain, soit une critique précise sur l'oeuvre, soit un commentaire général sur les arts à cette époque là. Mais ces commentaires sont toujours en parfaite adéquation avec les oeuvres. Et tout cela nous permet de nous inerroger sur tout ce qu'impliquent les choix des peintres, des commanditaires, sur le goût, sur le beau... Rareté d'une telle réflexion causée par une expo. On réfléchit, et on rit : Diderot à propos d'une oeuvre de Carle Vanloo dit que ça "vaut mieux que les minauderies, les afféteries et les culs rouges de Boucher".
J'ai aussi dit plaisant car le contenu n'a rien à envier à la conception : Lancret, nombreux Boucher, Vanloo, Hubert Robert, Fragonnard, Chardin, Vien, Pierre... Tout ceci se côtoie pour nous montrer le passage des fêtes galantes de Watteau, à l'austerité de Vien, en passant par la légèreté de Boucher. La beauté, l'élégance, la finesse de certaines oeuvres est frappante.


Je ne résiste pas à l'envie de vous montrer la plus exquise petite huile sur toile d'Hubert Robert dans sa période romaine. Elle date de 1761, fait à peine 30cm de côté, et vient de Williawstown.
Quoi de plus délicat, de plus drôle, de plus coquin, de plus vivant, de plus élégant que La Lingère et l'enfant...?

Aucun commentaire: