vendredi 24 octobre 2008

Cézanne nous accompagne


On m'a signalé que je n'avais pas précisé de qui était l'aquarelle qui ouvre sur mon blog... Oubli regrettable auquel je remédie de suite.
C'est Cézanne qui a la place d'honneur de ce blog, avec une aquarelle avec mine de plomb intitulée "Château noir devant la montagne Sainte Victoire", et datée de 1890-95. C'est l'Albertina de Vienne qui a la chance de la conserver.
J'ai toujours aimé Cézanne, et c'est donc tout naturellement que son nom m'est venu à l'esprit quand j'ai cherché une image d'introduction à mon blog.
J'ai aimé la légèreté de cette aquarelle, où en quelques traits et avec son talent habituel, Cézanne nous fait voir, sentir et entendre la Provence...
Un petit bonheur pour les yeux à chaque visite, que demander de mieux ?

Aventure finlandaise...

Je viens de finir "Le lièvre de Vatanen" d'Arto Paasilinna, roman finlandais de 1975, apparemment grand classique de la littérature nordique.

Vatanen est journaliste et un soir en rentrant à Helsinki, sa voiture heurte un levraut. Il part chercher l'animal blessé dans la forêt et finalement n'en ressort plus. Notre héros part, s'enfonce dans la nature avec son lièvre, son ami. Il rencontre des personnages incroyables, il lui arrive de belles ou dangereuses aventures durant son voyage sans but précis.
Le roman commence sur une rupture, mais une rupture inexpliquée, sans cause apparente : pourquoi Vatanen, journaliste dans un journal reconnu, marié, décide-t-il soudainement de retourner à la nature, de chercher la liberté ultime ?
De cette absence de sens de l'événement de départ va découler un roman quasiment absurde... L'écriture sobre et naïve renforce d'ailleurs cette impression. Le réalisme n'est pourtant pas absent ici, mais ce qui compte est différent : d'abord notre attachement au personnage. Sa simplicité, son incessante volonté de sauver les animaux, de se mettre dans des situations loufoques ou dangereuses, son goût pour les autres...
Ensuite, ce principe de roman écologique. J'ai été complètement emportée par le livre dans les contrées décrites (pourtant de façon très concise), j'ai même rêvé de la Finlande... Puissance d'évocation de l'esprit des lieux. On vit avec les saisons du pays, la nature est un personnage, une amie qu'il faut sauver, des flammes, des armes, du monde extérieur. Le lièvre a bien sûr une place importante dans cet aspect. Et même s'il n'a pas de nom (il s'appelle "le lièvre"), il est le symbole de cette nature chérie.
Enfin, une évocation de l'homme, de sa place dans la nature, mais aussi de sa liberté, de son libre arbitre, de la valeur de ses choix...
Le roman est léger, heureux, mais puissant dans ses idées. Un petit bonheur.

J'ai fait un rêve : j'étais une femme libre, voyageant dans de grandes étendues blanches avec un lièvre...

dimanche 19 octobre 2008

Polyphonies baltes et spirituelles

Mardi soir, concert avec un ami au temple de l'Oratoire du Louvre.
Titre qui met en haleine : Arvo Pärt et autres polyphonies baltes...
Je connais Pärt, mais le choeur enchaine des oeuvres religieuses de Duruflé, Darzins, Pelecis, Miskinis, Dubra, Zarins, Esenvalds, Vasks, Tormis.... Noms assez barbares dont je ne savais même pas l'existence.
Et surprise : le concert entier est pour nous deux un émerveillement complet, continu, trop court.... !
L'ensemble invité est le Choeur académique d'Etat Latvija, letton donc, dirigé par son chef, Maris Sirmais. J'ai été éberluée par la perfection de ce choeur, par la totale symbiose qui existe entre les 40 choristes et leur chef : chacun de ses plus infimes mouvements est compris et exprimé par tous... et la gamme de variations est immense, on passe du plus léger murmure à une puissance sonore qui emplit toute l'église !
A côté de cette interprétation, les oeuvres étaient époustouflantes aussi. La progression était chronologique, et on a avancé doucement dans la dissonance...
Le Pater Noster de Miskinis, dont la formule est clamée de plus en plus fort par les choristes, m'a donné des frissons. Une telle brutalité dans la ferveur.
L'oeuvre de Peteris Vasks, ("Le message d'un paridé"), est elle aussi incroyable : quatre des choristes sont sur une tribune, deux sopranos sont sur le devant de la scène, et ces deux groupes et le reste du choeur se répondent. Cet échange est d'une pureté et d'une modernité qui rendrait croyant le plus convaincu des athés...
Et la dernière oeuvre, "La Malédiction sur le fer" de Tormis, nous a plongé dans la perplexité puis l'enthousiasme : un tambour rythme le tout de façon assez brutale, le choeur répond de façon toujours plus dissonante à deux ténors qui ne font que murmurer des phrases, et les choristes bougent, tournent la tête tous en même temps, ou ondulent, ou se retournent. Le résultat est saisissant, d'une puissance et d'un primitivisme qui lui donnent son authenticité, sa vérité, sa ferveur...
Une découverte, à continuer !