jeudi 5 février 2009

Depuis le premier rang... (de la Salle Pleyel)

Depuis le premier rang, hier soir, j'ai d'abord entendu le Cantus in memory of Benjamin Britten d'Arvo Pärt, daté de 1977.
Depuis le premier rang, je me suis laissée enrouler, envelopper, envoûter par les vagues sonores de Pärt, par la montée en puissance progressive de l'orchestre, par l'explosion du son, ses envolées, je suis entrée dans la musique, j'étais au coeur de l'orchestre...
Depuis le premier rang, j'ai découvert la Sinfonia de Requiem de Britten, de 1940, j'ai bien senti l'angoisse sourde du début, j'ai entendu le tragique du Lacrymosa, puis j'ai ressenti la colère de Dieu dans le Dies Irae, dans la cavalcade des instruments, et je me suis laissée surprendre par les douces mélodies du Requiem final...
Depuis le premier rang, j'ai écouté la Messe en ut mineur de Mozart.
Depuis le premier rang, j'ai vu la soprano devenir toute rouge quand elle a lancé son contre ut, j'ai vu le ténor chantonner les mélodies du choeur, j'ai vu le basse soupirer d'ennui quand il ne chantait pas, j'ai vu la seconde soprano lancer des regards d'envie à la première, j'ai vu une altiste rigoler en plein morceau quand son voisin de pupitre s'est planté dans le rythme, j'ai vu que les violonistes ont un métier très physique, mais j'ai vu aussi le chef d'orchestre Paavo Järvi parler à son orchestre avec ses mains, j'ai eu des vibrations dans le ventre quand la soprano chantait, j'ai frissonné quand le choeur a atteint toute sa puissance...
Depuis le premier rang, je suis rentrée dans la vie de l'orchestre, dans sa complexité, dans ses difficultés, dans ses complicités, dans sa dynamique. Depuis le premier rang, j'ai appris plein de choses, j'ai donné une réalité physique à la musique que j'aime tant entendre. Depuis le premier rang, j'ai brisé un peu du rêve, du mythe, mais je ne le regrette pas...

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