mardi 2 décembre 2008

Venise à Bâle


Going to the Ball (San Martino), William Turner, 1846.

Samedi, expédition à Bâle, pour voir l'exposition "Venise" à la Fondation Beyeler.
L'expo thématique présente des oeuvres d'une douzaine de très grands peintres, sur le thème de la Sérénissime. Par salle, on découvre des chefs d'oeuvres de Canaletto, de Francesco Guardi, de Turner, de Monet, Manet, Renoir, Signac, Redon, Whistler, Sargent... En tout 150 oeuvres pour nous émerveiller et nous faire voyager.
Avant de commenter les oeuvres, je voudrais dire un mot de mon expérience suisse. J'ai en effet pu découvrir la "manière" suisse pour une grande expo telle que "Venise". J'ai d'abord remarqué la sobriété de la muséographie. Beaucoup de blanc, trés peu de salles peintes autrement, des cartels transparents, et chose plus surprenante pour la française que je suis, aucun texte sur les murs. Les textes sont sur un dépliant disponible à l'entrée. La notice est ciblée sur certaines oeuvres, d'autres sont absentes. Il n'y a pas vraiment d'explications sur le lien entre les oeuvres, ou sur le choix des artistes. Sobriété excessive ?
En tout cas, je dois dire que l'évolution de l'ensemble est réussie : on avance de façon fluide d'oeuvre en oeuvre, de période en période, de style en style. Et il y en a pour tous les goûts. Certains peuvent admirer la précision d'un Canaletto, d'autres la vie présente dans une vedute de Guardi, ou le fourmillement des toiles de Signac, la matière fabuleuse des oeuvres de Redon, la puissance évocative des eaux fortes de Whistler, ou enfin la vérité des personnages de Sargent...
Personnellement, j'ai été fascinée par Turner. Sa Salute dorée, ses visions fantomatiques de Venise, pourtant toujours bien présente derrière la brume... La ville disparait peu à peu, avec l'avancée du peintre dans son expérience picturale de réenchentement du monde. Ses vues deviennent de plus en plus absentes, mais paradoxalement, on ressent toujours plus la magie du lieu, son indicible évanescence... Ses aquarelles ont elles la modernité d'un Monet, et la fulgurance d'un Nolde. Leur légéreté leur donne une présence incroyable. Tout est paradoxal chez Turner, mais j'ai eu l'impression qu'il est celui qui, le mieux, a su capter le sens caché de cette ville si mystérieuse qu'est Venise. Il a compris que sa fragilité, et son inextricable constitution de trois éléments, air, terre et eau, lui donnent sa force et son unicité. Un Turner, c'est une ode à Venise !
Cette riche exposition a donc été un beau voyage dans la peinture, le temps, et l'espace...

Le Palais Contarini, Claude Monet, 1908.

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